Chantiers de voirie : risques et solutions
Lundi 18 Janvier 2021
36 % des participants ont constaté une augmentation du nombre d’incidents à proximité des réseaux depuis de la reprise d’activité sur les chantiers post confinement, lors d’un sondage animé par PROTYS dans le cadre du webinaire « Sécurité sur les chantiers, tous concernés ! » le 19 novembre dernier. 11 % jugent même cette augmentation importante. Même écho du côté des exploitants de réseaux. « Entre mi-avril et mi-mai, nous avons connu trois accrochages dont deux avec fuite sans inflammation, relève Yolande de Closets, de la direction technique de GRTGaz. C’est pour nous un warning important, car normalement ces événements sont rares ». « Nous avons notamment constaté une augmentation des dommages avec pelle mécanique, ajoute Florence Corlay, en charge de la Prévention dommages anti-ouvrages Réseaux Sud-Est de GRDF. Après le confinement, la reprise physique a été difficile et les intervenants avaient des difficultés à se concentrer ».
Le marquage-piquetage, un point sensible
Volonté d’aller vite pour rattraper le retard pris pendant le confinement ? Baisse de vigilance et pertes de réflexes en raison d’une pause de plusieurs semaines ?
Le plus souvent les incidents étaient liés à un non-respect des procédures. « Sur certains territoires, notamment en Ile-de-France, nous avons observé une augmentation du nombre de chantiers à proximité des ouvrages sans déclaration ou sans rendez-vous préalable », confirme Yolande de Closets. Mais le point le plus sensible reste l’application des règles de marquage-piquetage. L’analyse du bilan des Semaines régionales de la Prévention des endommagements de réseaux, qui se sont déroulées du 22 juin du 24 juillet derniers, montre que si le taux de conformité globale des chantiers pendant l’opération était de 86 %, le marquage initial du réseau et des branchements n’était validé conjointement par le responsable de projet et le chef de chantier que dans 78 % des cas. Et seuls 79 % des marquages des réseaux étaient maintenus et visibles avec les emprises d’incertitude.
Pour Philippe Héritier, président de l’Observatoire Ile-de-France des risques travaux sur réseaux, ce maintien est parfois difficile en raison de la topographie des lieux. Mais il souligne aussi la question de la responsabilité, selon lui « encore mal comprise des donneurs d’ordre ». Un avis partagé par Thibaut Gallet, chef de service Prévention de Colas. « Aujourd’hui la prestation de marquage-piquetage nous est le plus souvent déléguée. Pour certains maîtres d’ouvrage, cette délégation de prestation s’accompagne aussi d’une délégation de la responsabilité du compte-rendu et du contenu, ce qui n’est pas du tout le cas dans la réglementation ». Réglementairement en effet, le maître d’ouvrage reste responsable du marquage-piquetage pendant toute la durée du chantier, quelle que soit la personne qui le réalise.
Accompagner la reprise d’activité
La meilleure façon d’éviter les incidents de chantier reste la prévention. Envoi de documentation, newsletters ou vidéos d’information, réunions de sensibilisation, mise à disposition d’outils comme des check-list avec les points de sécurité essentiels à vérifier, formations… A la sortie du confinement, tous les acteurs ont multiplié les initiatives pour rappeler les bonnes pratiques et accompagner la reprise d’activité. « Nous avons envoyé 6 400 mails aux déclarants pour leur rappeler qu’ils ne devaient pas démarrer les travaux avant le rendez-vous sur site préalable, et notre Directeur Général a pris personnellement la parole pour appeler à la vigilance », illustre Yolande de Closets. « La prévention est efficace, estime Philippe Héritier. Quand on organise les Semaines de la Prévention, on constate une diminution des dommages pendant les cinq semaines de l’opération ». « Il faut mobiliser les acteurs, et c’est à ça que servent les Semaines de la prévention, confirme Mathieu Renoy, responsable du service Contrôle concession gaz du Sigeif. Il faut aussi insister sur la nécessité de réaliser des visites de chantier ».
Les visites de chantier, un outil efficace
Ces visites permettent de constater les manquements mais aussi, grâce à l’analyse statistique des comptes-rendus, de construire des plans d’amélioration. Les comptes-rendus de visites de chantier fournissent aux professionnels des indicateurs qui leurs servent de contrôle et de base pour identifier les dysfonctionnements et ainsi mettre en place des plans d’actions. Reste que pour être réellement efficace, la prévention doit être maintenue sur un temps long, et pas seulement dans les moments critiques. Il faut communiquer tout au long de l’année, en rappelant sans cesse les bonnes pratiques.
« Etre efficace, c’est se mobiliser tous, maîtres d’ouvrage, maîtres d’œuvre, entreprises, gestionnaires de voirie, conclut Philippe Héritier. En ne perdant jamais de vue notre objectif à tous : avoir moins de dommages aux ouvrages et plus de sécurité sur les chantiers ».